Eglise Protestante Unie de Périgueux

Eglise Protestante Unie de Périgueux
Culte le dimanche à 10H30, 20 bis rue Antoine Gadaud Coordonnées GPS: N 45.11.13 - E 00.43.05

mardi 17 février 2015

Prédication du pasteur P.Munch lors la messe dominicale à l'Abbaye de Chancelade




Abbaye de Chancelade en Périgord





 Dimanche 1er février, le pasteur Pierrot Munch était invité à témoigner de la parole à l’Abbaye de Chancelade pendant la messe dominicale. 
Le texte du jour était 1 Corinthiens 7, 32 à 35. Le voici avec son commentaire. 








Célibat et mariage !

1 Corinthiens 7, 32-35

Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci. Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé.
La femme sans mari, ou celle qui reste vierge, a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée dans son corps et son esprit. Celle qui est mariée a le souci des affaires de ce monde, elle cherche comment plaire à son mari. C’est dans votre intérêt que je dis cela ; ce n’est pas pour vous tendre un piège, mais pour vous proposer ce qui est bien, afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage.




Merci pour l’accueil fraternel de votre paroisse qui accueille de manière particulière des protestants ce matin. Il se trouve que le texte du jour est 1 Cor 7 ! C’est quand même un texte rude pour les gens mariés ! 
« Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé. »
Bref :  si je suis marié, je suis condamné à la division intérieure, à l’écartèlement entre relation avec son conjoint et la relation avec Dieu, à vivre le contraire de la sanctification dans son corps et dans son esprit ?
C’est tout de même un peu dramatique comme perspective pour la vie chrétienne !
                                                                                                               
Mardi dernier j’ai été interviewé brièvement par Radio Vatican sur l’œcuménisme à l’occasion de la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens ; plusieurs fois, j’ai recouru à des images du couple pour parler de la relation entre les Eglises.

Si on lit le texte comme sur le célibat et le mariage comme image  de la relation entre les Eglises, qu’est-ce que cela donne ?
·         une Eglise qui resterait seule serait donc totalement dévouée à Dieu
·         une Eglise en relation avec une autre église serait donc une Eglise qui est divisée et qui se perd ?
Je crois que cette innterprétation nous conduit à l’impasse…

Alors, comment suivre Paul dans ce texte ?
Quelques fois c’est utile de revenir au contexte.  Dans le chapitre 7 de 1 Corinthiens, Paul  répond à des questions de la communauté sur le mariage.          
Et au verset 25 , on trouve peut-être une clef : « Au sujet du célibat, je n’ai pas reçu un ordre du Seigneur, mais je donne mon avis, moi qui suis devenu digne de confiance grâce à la miséricorde du Seigneur. »

Surprise ! Paul affirme qu’il n’a pas eu d’ordre du Seigneur, mais il donne son avis en insistant que c’est un avis personnel. Il prend ses précautions ! Il connaît le Deutéronome !
«  un prophète qui aurait la présomption de dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ce prophète-là mourra. »

Alors Paul précise bien que ce n’est pas une prescription de Dieu, mais son avis personnel ! Chez Paul, il y a donc deux types d’enseignements : des enseignements sûrs, de la part de Dieu et qui s’imposent à tous, et puis des enseignements ou des préceptes qui viennent de sa propre initiative et que l’on peut contester sans contester Dieu lui-même.

Effectivement, je conteste la vison du mariage que Paul déploie dans ces versets. Je crois que Paul souffre ici de « Platonite ». Platon et beaucoup de philosophes grecs avec lui ont une vision dualiste de l’homme et du monde.  
Dans cette vision, la matière est créée par des dieux inférieurs appelés « démiurges » qui sont des divinités de second rang. Mais l’âme et la vie spirituelle sont créées par un dieu supérieur.  La matière est considérée comme lourde, mauvaise, opposée à la pureté de l’âme. Le corps matériel boueux et lourd tire l’âme vers le bas. La sexualité fait partie de cette boue. L’âme toute spirituelle est prisonnière de ce corps lourd. Dans cette idée, l’âme peut -être libérée par des exercices spirituels comme par exemple la contemplation du beau. In fine, par la mort corps corporelle, l’âme est libérée de sa prison et retourne au divin.  
                                                                      
Cela ne correspond pas du tout à la vision biblique de la création et de l’être humain
Tout le chapitre 1er de la Genèse est rythmé par le refrain : « il vit que cela était bon ». A chaque étape de la création, tout le monde matériel est considéré comme BON ! Et c’est le même créateur du monde matériel qui est le créateur de l’être Humain avec sa dimension spirituelle !

Gen 2, 7 : « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines une haleine de vie, et l’homme devint un être vivant. »
·         l’être humain est modelé de la poussière du sol c’est sa dimension matérielle qui est qualifiée de « bonne » dans Genèses 1.
·         l’« haleine » est ce qui vient de l’intime de la personne. Cette haleine de vie est donc  une réalité de l’intime de Dieu qu’il insuffle dans l’être humain : c’est sa dimension spirituelle qui vient aussi de Dieu.
                       
A partir de ces 2 composantes, la poussière du sol et l’haleine de vie, est créé un « être humain ». Non pas une dualité : corps et âme distincts, voire opposés, mais un être unifié à partir de ces 2 composantes de départ. Un être unifié, qui existe dans une double dépendance du « ciel et la terre », une double dépendance du spirituel et du matériel. Mais attention,    cette tension-là n’est pas la tension entre le bien et le mal ! C’est une tension entre 2 réalités BONNES ! Et l’être humain a besoin de se nourrir de ces 2 réalités. Si l’être humain  vit uniquement de sa dimension matérielle, il vit comme un sous homme ! Si l’être humain vit uniquement sur le plan spirituel, sans assumer ses responsabilités concrètes, il plane !
Le bien-être humain se trouve dans un équilibre entre les deux.

Genèse 1 et 2 nous disent aussi combien la relation homme - femme dans le couple  correspond à une vocation de Dieu pour l’être humain. C’est le fondement du mariage et tous ceux qui sont engagés dans la préparation de mariage connaissent cela par cœur !
Entre 1979 et 1984, Jean-Paul II  a prononcé une série de catéchèses qui sont devenues un livre : La théologie du corps : l'amour humain dans le plan divin - homme et femme il les créa : C’est un enseignement novateur sur la sexualité, sur l'amour et le mariage dans le sens d’une vision très positive.

Finalement la difficulté de ce texte de Paul nous appelle à la conscience et nous oblige à creuser la vision biblique du couple et du mariage !

Mais si nous ne suivons pas Paul dans ces versets, faut-il les piétiner pour autant ?
« Au sujet du célibat, je n’ai pas un ordre du Seigneur, mais je donne mon avis, moi qui suis devenu digne de confiance grâce à la miséricorde du Seigneur. »
Paul est quand même digne de confiance !
Et dans son texte, il creuse un sillon totalement inédit : la valorisation du célibat consacré à Dieu qui est à contre courant de la tradition juive. Le célibat est plutôt dévalorisé et même vu comme une malédiction !
Paul bien sûr se situe dans un contexte d’attente du retour imminent du Christ et dans ce contexte, ce n’est plus la peine de se marier et d’avoir des enfants.
Mais au-delà de ce contexte, il creuse aussi un sillon : celui du célibat consacré. Depuis 2000 ans, on voit ce que l’Eglise doit au célibat consacré ! Le célibat consacré a été la source d’une nouvelle fécondité immense, et c’est Paul qui a creusé ce sillon ! Peut-être fallait-il un peu d’excès pour arriver à faire avancer les mentalités !

Et dans ce texte, Paul dénonce aussi des pièges réels de la vie de couple :
o   la vie de couple peut s’enfermer sur elle même
o   la vie de couple peut se perdre dans une quête du plaisir déconnectée de l’amour qui ouvre à l’autre et aux autres 
o   la vie de couple peut conduire à des divisions intérieures quand les 2 ont du mal à s’accorder

Nous pourrions conclure, non en opposant, mais en reliant. Finalement, célibataires et personnes mariées, en communion, nous pouvons suivre Paul lorsqu’il exprime ce qui le conduit fondamentalement : « Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci… afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage. »
Amen

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire