Dimanche 26 avril a eu lieu le deuxième volet de l’échange de chaires entre notre pasteur et le Père Martin de la Roncière, chanoine, prêtre de l’abbaye de Chancelade et par ailleurs délégué œcuménique du diocèse de Périgueux-Sarlat.
Vous avez pu lire dans le précédent numéro
de La Clef le compte rendu de ce premier volet : le dimanche
1er février à Chancelade, le pasteur Pierrot Munch y avait assuré la prédication
lors de la messe dominicale.
Ce sont nos frères et sœurs catholiques qui
nous ont partagé les lectures, dont le texte de Jean 10. 11-18
« Je suis le bon berger...» sur lequel portait la prédication
de Martin de la Roncière. C’est en citant le pasteur Dietrich
Bonhoeffer qu’il a ouvert et terminé sa prédication,
s’émerveillant au passage de ce que « la Providence » les ait
inspirés, Pierrot au début du culte et lui-même pour faire
référence à cette
« grande figure de la chrétienté ». Quand les Chrétiens
sauront, comme le dit Bonhoeffer, « écouter la voix du seul
bon pasteur et se débarrasser du reste, ils seront alors
réunis. »
Voici le commentaire de Bonhoeffer que le Père Martin de la Ronciére à développé:
« Je suis le bon pasteur »
Commentaire de Dietrich Bonhoeffer sur
l’évangile du bon pasteur[1]
JE SUIS : il est clair qu’il ne
doit pas être question ici des bergers et de leur métier en général, mais de
Jésus Christ seul. Je suis le bon pasteur,
non pas un bon pasteur, de telle
manière que Jésus se comparerait à d’autres, et apprendrait d’eux ce qu’est un
bon berger. Ce que c’est, on ne peut l’apprendre que du bon pasteur auprès duquel il n’y en a pas d’autre, c’est-à-dire
de ce JE, de Jésus. Toute autre
fonction de « pasteur » dans l’Église de Jésus Christ n’ajoute pas au
bon pasteur un second ou un troisième pasteur, mais laisse Jésus être le seul
bon pasteur de la communauté. Il est le
souverain pasteur[3]
: c’est à sa fonction de pasteur que participent les
« pasteurs » ; sinon ils dénaturent la fonction et le troupeau.
Le fait
qu’il s’agit ici seulement du bon
pasteur, et non d’un berger parmi d’autres, apparaît immédiatement si l’on
considère l’action insolite qu’il se prescrit à lui-même. Il n’est pas parlé de
donner pâture, breuvage ou secours aux brebis, mais le bon pasteur donne sa vie
pour elles. Cela n’est vrai que du bon pasteur. ~
Même le
pasteur le plus fidèle n’est pas le bon
pasteur. Parce qu’il sait que « sa » paroisse n’est pas la
sienne, mais qu’elle appartient au Seigneur Jésus, que Jésus est mort pour elle
et que lui seul est son bon pasteur, il laisse Jésus continuer à être le bon
pasteur de sa communauté, et il ne s’enfuit pas. Mais le pasteur est un mercenaire[4]
si sa fonction, lui-même, son intérêt, sont plus importants que la communauté
du bon pasteur. ~
La seconde
chose que Jésus, le bon pasteur, dit de lui-même, est qu’il connaît les siens.
Cela paraît minime, et c’est pourtant plus important que tout. Nous le mesurons
si nous pensons à ce que cela signifierait si Jésus ne nous connaissait pas,
s’il disait : Je ne vous ai jamais
connus[6].
Ce serait notre fin, notre damnation. Nous serions séparés de lui pour
l’éternité. C’est pourquoi être connus de Jésus constitue notre bonheur
suprême, notre communion avec lui. Jésus connaît seulement ceux qu’il aime,
ceux qui lui appartiennent, les siens. ~ Le bon pasteur, et lui seul, reconnaît
ses brebis, car lui seul sait ce qui lui appartient pour l’éternité. Les
brebis, et elles seules, reconnaissent le bon pasteur, car elles seules savent
combien il est bon. Elles le reconnaissent, lui seul, comme le bon pasteur, car
elles n’appartiennent qu’à lui. ~
Cela fait
partie de la mission du bon pasteur que de
mener aussi ces autres brebis. ~ Il faut que le bon pasteur conduise toutes
ses brebis, pour qu’elles connaissent le bon chemin et soient protégées de tout
danger ou préjudice. La communauté de Jésus sera réalisée quand tous écouteront
sa voix. Alors aucune autre voix n’aura plus cours. Rien ne pourra induire les
brebis en erreur. À personne la voix du bon pasteur ne restera cachée. Tous
vivront de son commandement, de ses instructions, de sa consolation. La voix du
bon pasteur sera seule à unir tous les hommes. ~ Toute division de la
chrétienté prendra fin quand tous écouteront sa voix et elle seule, quand
deviendra caduc tout ce qui, à côté de cette unique voix, veut encore se faire
entendre et remarquer. Ainsi ils seront tous un seul troupeau sous un seul
pasteur[8].
Alors l’œuvre du bon pasteur sera accomplie sur la terre.[9]
[1] Source : Dietrich BONHOEFFER, Si
je n’ai pas l’amour… Textes rassemblés en bréviaire (Gesammelte Schriften IV, p. 486…491, trad. Pierre GAGNIER), Genève,
Labor et Fides, 1972, p. 96…101
[2] Jn 10, 11
[3] 1 P 5, 4
[4] Jn 10, 12
[5] Jn 10, 14
[6] Mt 7, 23
[7] Jn 10,16
[8] Jn 10,16
[9] 2843 signes
Dans la parole de Jean « Rassembler dans
l’unité les enfants de Dieu dispersés », Martin de la Roncière
précise qu’il ne faut pas réduire « dispersés » au seul sens
de désunis mais prendre conscience de tous ceux qui, parfois
très près de nous, comme il lui arrive de le constater, sont
dans l’ignorance de la Parole de Dieu.
Nous nous sommes ensuite unis aux
intentions de prières préparées par nos frères et sœurs
catholiques qui nous ont également proposé un de leurs chants : « Je vous ai
choisis ». A ce propos, Martin de la Roncière, tout en
remarquant que certains cantiques se retrouvaient dans les
deux liturgies, a exprimé son souhait d’un recueil de chants
communs.
Comme à Chancelade, la célébration s’est
terminée par « Confie à Dieu ta route » : certes, notre route
est encore longue, mais que de chemin parcouru déjà ! Comme
chaque action œcuménique, ce culte du 26 avril y inscrit un
pas de plus.
C. Laguionie
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